La dyslipidémie athérogène, combinaison de faibles taux plasmatiques de lipoprotéines de haute densité (HDL) et triglycérides élevés, est un facteur important de risque vasculaire résiduel. Le récent consensus de l’European Atherosclerosis Society a souligné la dyslipidémie athérogène comme un facteur essentiel de risque cardiovasculaire, en particulier chez les personnes atteintes de diabète et/ou d'une maladie métabolique. (1)
En effet, les taux de cholestérol HDL bas et triglycérides élevés sont considérés comme des facteurs de risque de maladie cardio-vasculaire dans les dernières directives européennes (EAS/ESC) pour la gestion de la dyslipidémie. (2)
Des preuves relient également la dyslipidémie athérogène au risque de complications microvasculaires résiduelle chez les personnes atteintes de diabète.
Les données d'observation ont lié des taux élevés de triglycérides ou bas de cholestérol HDL avec le développement et la progression de la rétinopathie, la néphropathie diabétique et la neuropathie (3-6).
Les données de l’étude FIELD (Fenofibrate Intervention and Event Lowering in Diabetes) et ACCORD Action (to Control Cardiovascular Risk in Diabetes) chez des patients diabétiques de type 2 offre un soutien supplémentaire.
Le traitement par le fénofibrate, qui vise la dyslipidémie athérogène, a eu un impact positif sur la progression de la rétinopathie diabétique et l'albuminurie, ainsi que sur la réduction des amputations des membres inférieurs (en particulier ceux qui découlent de la microangiopathie). (7-12)
Ce nouveau rapport de Zoppini et al (13) fournit un soutien supplémentaire sur l'importance de cibler dyslipidémie athérogène pour réduire les complications microvasculaires chez les personnes diabétiques de type 2. Leurs conclusions étaient fondées sur une cohorte prospective de grande envergure, suivie sur environ 5 ans. L'étude a clairement mis en évidence le rapport entre les triglycérides et le cholestérol HDL comme un prédicteur important du risque de complications microvasculaires, notamment dans la néphropathie diabétique, au-delà des facteurs de risque classiques, tels que la glycémie et la pression artérielle.
Il est également très pertinent que la signification pronostique d'un rapport cholestérol-HDL / triglycérides élevé était plus prononcée chez les personnes dont les taux plasmatiques bien contrôlées de lipoprotéines de basse densité (LDL cholestérol). Des recherches antérieures ont déjà mis en évidence le risque cardio-vasculaire élevé chez ces patients. Dans l'étude cas-témoins REALIST Macrovasculaire, la présence des taux élevés de triglycérides (≥ 190 mg / dl ou 2,1 mmol / L) et bas de cholestérol HDL (<30 mg / dL ou 0,78 mmol / L) est responsable d’une augmentation du risque coronarien de 10 fois indépendamment du contrôle des LDL-cholestérol (14).
Comme le nombre de personnes atteintes de diabète de type 2 ne cesse de progresser, en particulier dans les régions émergentes comme l'Asie et le Moyen-Orient, avec l'adoption de modes de vie occidentalisés, et ceux atteints de diabète vivent plus longtemps, en raison des progrès acquis dans la prise en charge et le traitement; la charge du diabète, notamment en raison de complications microvasculaires a augmenté. Les conséquences financières sont énormes, étant donné que la présence de complications du diabète a plus que doubler le coût des soins (15). Agir maintenant pour limiter le développement de deux complications micro-et macrovasculaires du diabète est non seulement du bon sens clinique, mais aussi est très rentable sur le plan économique.
Ces nouvelles données, ajoutées à d'autres études, soulèvent l'accent sur la dyslipidémie athérogène comme un facteur modifiable qui agit à la fois sur les risques macrovasculaire et microvasculaire chez les patients diabétiques de type 2 ayant déjà atteint l'objectif LDL-cholestérol. Sur cette base, nous proposons que des interventions ciblées pour la dyslipidémie athérogène devrait être une priorité, en plus des normes actuelles de soins, pour réduire le risque résiduel élevé de complications vasculaires qui persiste chez les patients diabétiques de type 2.
Éditorial rédigé par JC Fruchart, J. Davignon et M Hermans, Administrateurs du r3i www.r3i.org
Traduction réalisée par Faiçal Jarraya, membre du Comité national de pilotage r3i
Références